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Saint-Valentin : d'où viennent les roses ? 🌹



Il est d'usage d'offrir des bouquets de fleurs à l'occasion du 14 février. Mais d'où viennent donc ces roses, devenus le symbole des amoureux ? Le Figarorevient sur son histoire.
Il s'en échange plus de vingt millions chaque année. Des jaunes, des blanches, des rouges et des oranges. Avec ou sans épines, feuilles ou branchages... La rose, «reine de fleurs» selon Perrault, incarne depuis des siècles la passion amoureuse. Pensons par exemple au poème sensuel de Ronsard intitulé Mignonne, allons voir si la rose.
«Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vesprée [...]»
Plus que l'incarnation d'un sentiment charnel et spirituel cependant, la rose illustre non seulement le temps qui passe (Corneille), la beauté éphémère (Malherbe), mais aussi la souffrance de l'amour (Goethe) et la fragilité (Victor Hugo). Elle est, en un mot, insaisissable. Mais n'est-ce pas parce que, comme le disait un jour Mallarmé, «la fleur est l'absente de tout bouquet»?
Non contente d'être polysémique, la rose l'est également avec la couleur de ses pétales. Ainsi le cher et tendre qui voudrait vous offrir un joli bouquet à la Saint-Valentin, raterait sa déclaration en vous présentant des roses jaunes. Une couleur, qui signifie dans le langage amoureux, la faute, la trahison ou du moins, la demande d'un pardon... À l'occasion de la fête des amoureux, Le Figaro vous propose de revenir sur les anecdotes qui se cachent derrière ces trois petites lettres.

Des roses marines jusque dans nos églises

Emprunté au latin rosa, «rose, rosier», la rose s'emploie à l'origine, au XIIe siècle, pour parler «de la fleur du rosier». Elle est par essence liée à notre chère mère nature. Un lien matrilinéaire à laquelle, elle ne coupera jamais, quitte à désigner d'autres fleurs qu'elle-même. Notons, sans exhaustivité, la rose des Alpes qui caractérise une variété de rhododendron, la rose de Chine pour l'hibiscus, la rose du Japon pour la Camélia ou encore la rose d'Inde, de Jéricho et de Sibérie.
Outre cet herbier coloré, la rose égrènera ses petits pétales jusqu'à composer un véritable champ d'expressions dans le dictionnaire français. Et ce, dès le XVe siècle avec la locution «se baigner en roses», qui signifiait alors «éprouver un vif plaisir». On la retrouvera ainsi dans des formules comme «c'est la plus belle rose de son chapeau», c'est-à-dire le plus grand honneur, «être sur un lit de roses», être dans une situation confortable (à ne pas confondre, avec «être sur les roses», être dans une situation inconfortable) au XVIIe siècle. Mais également dans des proverbes que nous employons encore, tout un chacun aujourd'hui, tels «envoyer quelqu'un sur les roses» ou «des romans à l'eau de rose», dont la formule exacte et vieillie, était «à l'eau rose», soit «sans énergie, mièvre».
Véritable métamorphe, la rose opérera à l'aune de ses divers sens, de multiples pirouettes sémantiques pour se retrouver au fil des siècles tantôt dans le lexique de la marine (rose du gouvernail, rose des vents), de la minéralogie et de la littérature tantôt en architecture, pour désigner «un grand vitrail décorant le portail ou le transept d'une église», indique le CNRTL. Et même dans la religion!
Il n'est en effet pas anodin, que la fleur dite «symbole de la perfection achevée et de l'accomplissement sans défaut» ait été choisie pour désigner, sous la formule «rose mystique», la Vierge Marie dans ses Litanies et continue d'être employée sous la forme de la «rose d'or» par le pape, le quatrième dimanche de carême. Après tout, le langage de la fleur est celui des choses muettes.
Pas besoin en effet de mots pour signifier ce qui se comprend très bien en une couleur et en un parfum. Ceux qui croient, à l'amour, le savent par coeur.
Bonne Saint-Valentin!

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